Battambang - Siem Reap

Il a fallu se lever tôt : départ de BATTAMBANG, à l’embarcadère à 6h30, en bateau public sur la rivière SANGKER qui relie la ville au lac du TONLE SAP.

6 heures de bateau, et quel bateau ! pour un voyage d’environ 70 km.
Imaginez un bateau d’une bonne vingtaine de mètres, type « sampan » sans voile ni gréement , sorte de grosse barque à fond plat, avec un pont équipé de banc rustiques de part et d’autre d’une allée centrale muni d’un énorme moteur de camion à l’arrière, « suant l’huile comme une anglaise », échappement libre oblige (le tuyau est scié à ras du moteur) faisant tourner une hélice à deux pales posée sur une « charrue *» distante de 3 bons mètres de l’arrière du bateau, servant à la fois de gouverne et de propulseur.
Le toit est habitable, bourré de sacs, de gens, d’animaux vivants. Lieu privilégié pour les photos, du moins le matin, plus tard les ardeurs du soleil nous ont ramenés à l’intérieur.

Le poste de pilotage est des plus sommaires : un volant de voiture fait figure de barre, sur son axe sont enroulés deux câbles qui courent sur les plats bord jusqu’à la poupe, fixés de part et d’autre de la « charrue », permettant de l’orienter soit vert la gauche, soit vert la droite. Sommaire mais efficace, ce système remplace le traditionnel safran.

Enorme coup de trompe, vacarme de « F1 » du moteur, panache de fumée noire d’échappement et nous quittons l’embarcadère.
C’est parti pour 6 heures d’aventure, dans le bruit et la bonne humeur et le défilement d’un spectacle non stop proposé par les deux rives.

Le spectacle est permanent, à la fois lent et rapide, il faut saisir l’instant. Au fil du voyage, il évolue, la campagne est plate, chargée de cultures, on croise de nombreuses embarcations, des pêcheurs près des rives, dans l’eau jusqu’à la taille, un filet à la main, la rivière est poissonneuse, parfois des enfants, jouant dans l’eau boueuse, désarçonnés par la vague générée par le bateau, ils font surface un peu plus loin en se frottant les yeux… les normes de sécurités locales n’ont pas les mêmes valeurs que les nôtres…

Dans le plat de l’immense plaine, la rivière serpente avec des courbes de plus en plus serrées, le bateau est trop long, il faut manœuvrer, double débrayage, hurlement du moteur, craquement de pignons, arrière toute, coup de barre, raclement du bateau sur le fond de la rivière, manœuvre inverse et… ça passe, au centimètre, mais ça passe, chapeau ! Le capitaine n’a sans doute jamais passé de permis bateau, mais il en montrerait à beaucoup ! Le prochain voyage se fera dans une embarcation plus modeste à cause du manque d’eau : c’est la saison sèche, le nôtre ne passerait plus.

La rivière s’élargie, la forêt borde les rives, les pieds dans l’eau. Ces arbres ont la particularité de vivre dans l’eau, en période humide, l’eau monte tellement (environ une dizaine de mètres) que seule la cime des arbres surnage au dessus du niveau de l’eau.

On navigue sur le lac TONLE SAP, le voyage touche à sa fin.
Immense étendue d’eau, la plus importante de l’Asie du Sud Est, régulateur naturel des crues du Mékong auquel il est relié par un fleuve du même nom, zone de pêche la plus productive au monde, le lac est profond d’un à deux mètres en saison sèche (2700 km2) et voit son niveau monter d’une dizaine de mètres en saison des pluies, sa surface passant à 16000 km2, noyant tout : forêts, rizières et champs.

Ceci explique pourquoi les habitations sont soit sur des pontons flottants, soit perchées sur d’innombrables mâts faits de troncs d’arbre, donnant cet aspect si particulier aux villages traversés.

On arrive à CHONG KHNEAS, petit port proche de SIEM REAP, le moteur se calme enfin…

Enjoy !



*« charrue » : système utilisé en Asie permettant au pilote de l’embarcation de modifier, par un système de câbles, la hauteur de l’hélice par rapport au fond du plan d’eau, de façon à ne pas « racler » la vase ou le sable. Ce système permet la propulsion de l’embarcation avec très peu d’eau.